Les incertitudes politiques continuent d’affecter le moral des chefs d’entreprise. Leur optimisme est en baisse de 4 points sur un mois et de 18 points depuis septembre. Trois-quart des dirigeants craignent de la situation politique des conséquences négatives pour l’activité de leur entreprise, notamment sur leur chiffre d’affaires et sur leur capacité à investir.
EN BREF
La crise politique s’éternisant, l’indicateur de l’optimisme continue à baisser et atteint la valeur de 68 ce mois-ci (-18
points depuis septembre).
La confiance dans les perspectives économiques baisse tant à l’échelle de l’entreprise (59%, -5 points depuis
novembre) qu’à l’échelle nationale (11%, -4 points).
Les chefs d’entreprise accordent moins d’importance à l’innovation ce mois-ci : seuls 4 sur 10 (43%) la considèrent
comme un investissement (-7 points).
3 dirigeants sur 4 redoutent que la situation politique actuelle de la France ait des impacts négatifs sur leur
entreprise, dont 16% indiquant en subir d’ores et déjà.
Les chefs d’entreprise anticipent que la crise politique aura des effets négatifs en 2025 sur leur chiffre d’affaires (55%)
et sur leur capacité à investir (52%).
Les dirigeants estiment que la crise politique actuelle se prolongera quelques mois (31%) voire quelques années
(43%), contre seulement 9% qui jugent qu’elle se terminera dans quelques semaines.
La confiance des dirigeants à nouveau en baisse
- Alors que la crise politique s’éternise, l’indicateur de l’optimisme des entrepreneurs continue de diminuer au mois de décembre, s’établissant désormais à 68. L’indicateur aura donc connu une baisse de 18 points depuis le début du trimestre, et atteint son niveau le plus bas depuis sa mesure auprès des entreprises de 1 salarié et plus.
- La confiance dans les perspectives économiques continue de faiblir. 6 dirigeants sur 10 se déclarent confiants dans les perspectives de leur propre entreprise pour les 12 prochains mois (59%), soit une chute de 5 points par rapport au mois dernier et de 11 points depuis septembre. Cette baisse de confiance est également visible s’agissant de l’économie française : seuls 11% des chefs d’entreprise se disent confiants dans les perspectives de l’économie française pour les 12 prochains mois (-4 points depuis novembre, et -10 points depuis septembre).
- Ce mois-ci, les niveaux de confiance dans l’avenir de l’entreprise décrochent tout particulièrement dans le secteur de l’industrie (44%, -23 points par rapport à novembre).
- La baisse semble toucher tant les petites entreprises (52% dans les entreprises de 1 à 2 salariés, soit -8 points) que les plus grandes (71% dans les entreprises de 50 salariés et plus, soit -7 points), tandis qu’elle se fait moins importante dans les entreprises de 3 à 49 salariés (67%, soit -2 points).
- Le niveau de confiance dans les perspectives de l’économie française baisse particulièrement chez les dirigeants d’entreprises de 50 salariés et plus (-10 points), s’établissant désormais à 18% seulement. La baisse est moins importante dans les entreprises de 3 à 49 salariés (-3 points, 14%) et dans les entreprises de 1 à 2 salariés, (-5 points, 8%).
- Concernant la conjoncture économique mondiale, le niveau de confiance reste très minoritaire (20%) mais cesse de baisser et connaît même une très légère hausse par rapport au mois dernier (+2 points). La perte de confiance des dirigeants concerne donc d’abord et avant tout l’économie française, qui affecte à la suite leur propre entreprise.
La crise politique, l’un des facteurs de cette baisse de confiance
- Si plusieurs causes peuvent être avancées pour expliquer cet affaiblissement de la confiance des dirigeants, la crise politique que traverse la France aujourd’hui en est bien une. Plus de la moitié des chefs d’entreprise redoutent que la situation politique actuelle de la France ait des impacts négatifs sur leur entreprise (58%), et 16% indiquent en subir d’ores et déjà.
- Les plus inquiets à cet égard sont les dirigeants du secteur de l’industrie : 65% d’entre eux craignent de subir des effets négatifs dus à cette crise politique.
- Les chefs d’entreprises de 1 à 2 salariés (60%) et de 3 à 49 salariés (57%) sont particulièrement sujets à ces craintes, quand les dirigeants de grandes entreprises le sont légèrement moins (51%). Mais quelle que soit la taille d’entreprise, plus de la moitié des dirigeants font part de leurs craintes à ce sujet.
- Pour plus de 1 entrepreneur sur 2, la crise politique que traverse la France pourrait entraver le développement de leur chiffre d’affaires l’an prochain (55%) ainsi que leurs investissements (52%). Dans une moindre mesure, la situation politique fait aussi peser des menaces sur leur capacité à recruter (34%).
- Si l’impact sur le chiffre d’affaires apparaît nettement comme le premier effet négatif anticipé au sein des entreprises de 1 à 2 salariés (55%), les dirigeants d’autres entreprises font part de réponses plus diversifiées. Ainsi, les entreprises de 3 à 49 salariés mentionnent autant l’impact sur l’investissement que celui sur le chiffre d’affaires (56%).
- Les chefs d’entreprise ne s’attendent pas à ce que la crise se termine rapidement. La plupart d’entre eux estiment qu’elle va durer au moins quelques mois voire quelques années (respectivement 31% et 43%). Une partie notable d’entre eux ne s’avancent pas sur la question (17%), signe d’une incertitude réelle à ce sujet.
- Les dirigeants du secteur des services se montrent particulièrement pessimistes sur la durée de la crise : 49% d’entre eux pronostiquent un blocage de plusieurs années, contre 43% dans le commerce, 36% dans la construction et 32% dans l’industrie.
- Souvent plus optimistes sur la plupart des indicateurs, les dirigeants d’entreprises de 50 salariés et plus sont également plus confiants dans le fait que la crise politique ne durera que quelques mois (37% contre 31% en moyenne). Ils sont également plus nombreux à ne pas se prononcer sur la question (22% contre 17%)
En conclusion, cette étude révèle plusieurs grands enseignements
Interrogés en pleine crise gouvernementale, après la censure du gouvernement Barnier le 4 décembre, les dirigeants d’entreprise affichent en cette fin d’année 2024 un niveau de confiance toujours plus fragile. Le manques de perspectives pour l’économie nationale met de plus en plus en danger leur confiance pour leur propre entreprise.
Les dirigeants font directement un lien la crise politique traversée par la France et leurs propres perspectives économiques pour l‘année à venir. Signe inquiétant, la plupart des dirigeants estiment que le blocage institutionnel va se prolonger encore quelques mois.